samedi 5 mars 2011

la prépa c'est la mort (ou: Un article sur la vie quotidienne des bhâgneux)



(des khâgneux dans leur environnement naturel)
(Oui, on sait, notre lycée ressemble à des vestiges de l'ex-Allemagne de l'Est)

Si toi aussi tu as dû lire La princesse de Clèves en deux jours

Si toi aussi tu sais ce que veulent dire les obscurs acronymes "CDO" ou "LSD"

Si toi aussi tu comprends enfin le sens de "pas de temps pour soi" (en théorie)

Si, selon ce que recommandent tes professeurs, tu devrais passer 26 heures par jour à faire des fiches sur des thèmes aussi absurdement incongrus que "La main" "Le pain et la faux" "De la papauté et des mites" ou encore "La façade Atlantique et les échanges interculturels au quinzième siècle" (en histoire), ce qui, en plus d'être mathématiquement impossible (malgré l'atrophie algébrique dont je suis victime depuis quelques mois, je sais encore que 26 est supérieur à 24 ce qui, si je ne m'enduis d'erreur, est le nombre normal d'heures dans une journée).
(et les deuxième année, c'est pire: "la fenêtre" en kholle de philo)
("Non, madame, je ne suis pas maçon.")

Si les mots khôlles, bizûth, hypalage et hétérodiégétique ne te sont plus inconnus (alors que même ton traitement de texte les souligne en rouge)

Si tu sais qui sont Paul Ricoeur, Gérard Genette et Bakhtine, et que le rapport entre poète et critique tel que le conçoit Baudelaire n'a plus de secret pour toi

(Le khâgnaval, ou carnaval des khâgneux,
dans mon lycée, est un événement à base de déguisements d'animaux,
de marquis, de schtroumpfs ou de PacMan,
durant lequel les khâgneux s'octroient le droit de spolier les maths taupines. Mouahahaha!)

Si, lorsque tu dois passer une khôlle, il est préférable que tu prépares un sac à dos et des chaussures de randonnée et que tu partes un quart d'heure à l'avance parce que du bâtiment B au bâtiment K il y a approximativement quinze milliards de kilomètres-hypokhâgneux (c'est nouveau, c'est comme les années-lapin, une unité de mesure révolutionnaire que je viens d'inventer)

Si pour toi le zinzin c'est un peu le graal trimestriel
(et s'il est aussi pour toi synonyme de spectacles édifiants sur le plan anatomique)

Si "taupin" signifie pour toi de drôles de choses verdâtres qui hantent le bâtiment S et le troisième étage du B, et qui pratiquent des trucs qui s'appellent... comment, déjà? Ah oui, "sciences".

Si samedi rime avec DS de quatre heures pour toi
(d'ailleurs "rimer" est-il le verbe adéquat? Nous dirons plutôt qu'il s'agit d'une réinvention, une remotivation des termes de la langue, puisqu'il n'est pas question ici de "rime" à proprement parler ; on peut aussi se demander si un cliché, une expression figée, correspond réellement à notre... [ETC, ETC ] )

Si, même à la question "Peux-tu me passer la carafe d'eau, s'il te plaît?", tu te surprends à t'interroger sur les termes de la question (Pouvoir signifie-t-il avoir la capacité de ou être en mesure de? A quel niveau de perception la carafe correspond-elle? Quel rapport l'eau entretient-elle avec la carafe: de contenu à contenant, quels rapports de dépendance peut-on élaborer? Enfin, "s'il te plaît" interroge-t-il réellement le sujet désigné?) et à concevoir une réponse en trois parties : Non / Oui / La capacité à s'approprier matériellement les objets peut-elle être transcendée dans la conceptualisation desdits objets?

Si, te considérant en tant que fille pure et dure, ta chance de trouver un petit copain dans la faune hypokhâgneuse est proche de zéro, entre "Inexistante" et "Presque impossible"
(la loi établie par moi-même veut que les éléments masculins en CPGE littéraire répondent à trois critères : ou pris, ou gays, ou moches, les trois critères se combinant aisément par deux ou par trois : "pris et gay" "pris et moche" "moche et gay"). Il ne te reste plus qu'à devenir lesbienne, ce à quoi, en vertu de ceci, ceci ou encore cela, tu ne peux évidemment te résoudre.
(Oui, j'ai vu récemment Bridget Jone's diary et Les poupées russes, et ça se voit)

Si, selon toute apparence, tes professeurs ignorent qu'une partie des 24 heures dont tu disposes par jour est nécessairement dévouée à quelque chose qu'ils semblent ne pas connaître : DORMIR.

Si le mot FACULTÉ suffit à faire surgir en toi des frissons de plaisir délicieux, de peur et des visions d'Éden associés à des images dignes de catalogues de literie. Tandis que dans la bouche de 110 % de tes professeurs, il est synonyme d'enfer, de damnation, d'âme livrée aux flammes et de cadavres rôtis sur les broches du Malin.
Une vraie citation d'agrégé d'anglais prof en prépa (lui-même passé par la fac, cherchez l'erreur) :
"Si vous n'êtes pas sages, vous irez à la fac."
(Oui, parce qu'aussi

Si tu as l'impression d'avoir encore quinze ans pour certains profs alors que d'autres te considèrent comme un adulte de 35 ans. )

Alors oui, c'est que comme moi tu es en prépa littéraire (à Faidherbe...)

Je précise tout de même que c'est une ambiance qui se révèle agréable (nos profs sont fous mais sympathiques, les gens sont adorables)... Mais je ne renouvellerai probablement pas l'expérience l'année prochaine. Pas que les performances scolaires ne soient pas au rendez-vous pour moi (je m'en tire 4è de la classe sans bosser comme une malade) mais honnêtement, le constat reste le même qu'au lycée (dans le secondaire) pour moi: passer mes journées derrière un bureau à écouter un prof parler, ça me fait toujours autant chier. Si j'ai pas des trucs à faire avec mes doigts, je m'emmerde comme un rat mort. Alors oui, j'aime la littérature, oui, j'aime écrire, oui, en vertu de mes qualités d'élève, je n'aurais pas trop de mal à avoir l'ENS en me remuant un peu le cul, mais je me fais profondément, intensément, longuement chier, jour après jour, semaine après semaine (sauf en litté et en théâtre = neuf heures par semaine, sur trente-trois = les deux tiers du temps, je m'emmerde). Passer encore une année à me faire chier en cours alors que je ne pourrai même plus continuer le théâtre au conservatoire, je ne pourrai pas. Alors l'année prochaine, bonjour la fac, et coucou le deuxième cycle d'art dramatique... Je les préparerai toute seule dans mon coin, mes concours, ceux que je veux vraiment avoir.
Sans rancune, prépa. Je t'aime bien quand même, mais pas assez pour continuer.

P.S : allez en toute hâte écouter ce truc, que Deezer a eu la bonne idée de mettre en avant sur sa page d'accueil (après la merde nauséabonde et prétentieuse que Mélanie Laurent, avec le secours désespéré de Damien Rice, a eu la mauvaise idée de pondre)
Le Jazz, c'est le bien.

http://www.deezer.com/music/eric-legnini-the-afro-jazz-beat/the-vox-819712?provider=website

P.P.S: les photos ne sont pas de moi, mais des délicieuses jumelles qui m'aident à supporter les cours de philo par leur aimable conversation beaucoup plus intéressante que le babillage de propagande pro-Kant que ma prof de philo nous ressert deux fois par semaines.

vendredi 4 mars 2011

Encre crado

Bonjour,
Aujourd'hui pas de dessins mais des photos de dessins.
Je fais joujou avec l'encre dans une palette cracra déjà utilisée. Les dessins sont un peu moches mais j'ai fait mumuse avec mon nappareil photo et photoshop.
Si vous êtes gentils, je vous montrerai peut-être la couverture de mon bô carnet acheté à la Tate en Angleterre (trop tendance, zi iouqué*)


Tiens un masque vénitien, je vais prendre une photo à travers un des trous, hoho trop stylé unnedergrounde, je suis trop une artiste qui transcende les codes de la représentation.

Un intéressant usage de la colorex magenta : appliquée à même la pipette, puis modifiée en usant (et abusant) de la fonction "saturation" dans photoshop.



*Le mélinien étant un dialecte parfois difficile à décoder, je vous livre le code correspondant à ce phonisme queneauien (on ne se refuse aucune référence ni aucun néologisme intello-jemeprendsausérieuxjesuisenprépalittéraire) : zi iouqué = the UK.


Allez, plus que trois mois et demi de prépa à tirer.

mercredi 2 mars 2011

Introspection

En ce moment ça fait très "moimaviemoimoncul". Mffghhff.
Mais j'aime bien cette photo.